Majorque et ses secrets

20 juillet 2024 : Me voilà à Majorque, l’une des îles des Baléares. Cette fois, je n’ai pas vraiment choisi la destination… Pour être honnête, j’y ai été un peu entraînée. Nous venions assister au Festival Atlàntida Mallorca Film Fest, une belle occasion malgré tout.

Ceux qui me connaissent savent que j’ai tendance à retourner encore et encore dans les mêmes endroits. Je suis attachée à mes repères, et Minorque reste mon coup de cœur. Mais cette fois, je me suis laissée porter par l’inconnu. Et à ma grande surprise, Majorque m’a dévoilé quelques trésors insoupçonnés.

Le séjour fut court, bien trop court pour explorer l’île et ses paysages naturels. Mais j’ai pris le temps de me perdre dans les rues de Palma, la capitale.

Pendant deux jours, j’ai arpenté ses ruelles, le regard accroché aux façades. L’architecture y est un mélange étonnant : art nouveau, modernisme catalan, fincas anciennes… Le contraste est saisissant. On oublie un instant le béton, le tourisme de masse, les grandes enseignes. On ralentit.

Perdue dans les rues

On perçoit ici les influences du modernisme catalan, avec un somptueux mélange de matières. Le fer forgé se déploie en arabesques végétales, embrassant la pierre sculptée ou encadrant des vitres teintées. À la croisée de quelques regards furtifs, on devine un ange, une volute, un oiseau figé dans le fer, et toujours, le ciel bleu en arrière-plan, si lumineux qu’il semble faire partie de la composition.

C’est ce genre de détails, discrets mais présents partout, qui m’ont touchée. Dans une ville souvent résumée à son port, ses plages et son tourisme, il suffit de ralentir, d’observer en silence, pour y découvrir une poésie urbaine inattendue. Une douceur presque nostalgique s'en dégage, comme un mélange entre passé figé et présent vibrant.

Can Casasayas

Can Oms

Je pénètre dans la pièce à pas de velours, presque en apnée, pour ne pas déranger cette atmosphère silencieuse et chargée de mémoire. Et c’est à cet instant précis que mon regard se tourne vers mon conjoint… qui, avec une naïveté candide, s’approche du piano et commence à en effleurer les touches, comme on le ferait dans un salon privé.

Je n’ai pas le temps de réagir. Il n’avait pas compris que l’instrument faisait partie de l’exposition.

Un court silence suit, puis un léger rire nerveux de ma part. Un membre du personnel arrive, souriant heureusement, et lui glisse gentiment que "non, ce n’est pas un piano en libre-service". L’instant a quelque chose de surréaliste, un brin absurde, mais aussi étrangement touchant. Une brèche dans cette "maison musée”.

Ce moment restera sans doute l’un de mes souvenirs les plus vivants de Majorque.

Côtés saveurs :

  • Pour un dîner raffiné et généreux, La Bodeguilla est une adresse à ne pas manquer. Si vous êtes en quête d’une excellente paëlla ou d’une fideuà, vous y trouverez à la fois la qualité, le soin du détail… et une très belle carte des vins.

  • En grande amatrice de tapas, je ne peux que vous recommander El Camino : une cuisine savoureuse à partager, et ce plaisir simple de picorer autour d’un bon verre.

Pause café ?

  • Pour un moment plus calme, un bon café entre deux balades : direction Bacan pour son atmosphère intimiste, ou Nano Coffee Lab, plus contemporain, parfait pour les amateurs de cafés de spécialité.

Majorque ne s’est pas laissée apprivoiser tout de suite, mais elle m’a offert de belles surprises. J’espère que ces quelques adresses et impressions vous donneront envie de la découvrir à votre tour, à votre rythme.

Perdue dans les rues

J’ai été particulièrement fascinée par les oriels en bois, ces balcons fermés typiques, que l’on appelle ici miradors, si je ne me trompe pas. Chaque détail semblait raconter une histoire.

Cette architecture permettait à l’origine de profiter de l'animation urbaine tout en restant à l'abri des aléas climatiques. La verticalité de ces fenêtres avancées, souvent en bois travaillé ou vitrail coloré, donne à la ville une allure élégante et singulière.

Chaque façade semble avoir sa propre personnalité, comme si Palma murmurait ses histoires à ceux qui prennent le temps de lever les yeux.

Perdue dans les rues

Je découvre ensuite, au détour d’une ruelle du centre historique, un magnifique patio majorquin. Il s’agit d’une ancienne maison de la famille Oms, ouverte à la visite. Derrière la lourde porte en bois, le calme s’installe immédiatement. Le temps semble suspendu.

Le lieu est d’une élégance discrète : colonnes de pierre, plantes en pot disposées avec soin, lumière douce filtrée par les persiennes… On entre dans un autre siècle. À l’intérieur, tout est incroyablement bien conservé : les meubles d’époque, les tableaux légèrement patinés par le temps, et surtout un piano ancien, placé là, comme si quelqu’un allait revenir s’y asseoir d’un moment à l’autre.

Et pour terminer, voici quelques adresses coup de cœur que j’ai envie de partager avec vous, celles qui laissent une empreinte, qu’on note précieusement pour y revenir un jour.

  • A visiter :

  • La cathédrale de Palma (La Seu) – Majestueuse, imposante, baignée de lumière… l’architecture gothique y prend toute sa dimension.

  • Can Oms – Une belle demeure patricienne avec un patio typique, témoignage du patrimoine historique majorquin.

  • Can Bordils – Une autre maison noble transformée en archives municipales, très calme, un lieu hors du temps.

  • L’église de Sant Bartomeu – Située à Sóller si vous vous éloignez un peu de Palma, une façade néogothique surprenante au pied des montagnes.

Et surtout, perdez-vous dans les ruelles : marchez sans but, levez les yeux, laissez-vous surprendre. Palma se découvre en flânant.

Paëlla, La Bodeguilla

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